Helen est mariée à Danny. Ils ont un enfant, Shane. Ils dînent en tête à tête dans leur appartement. Liam, le frère d'Helen, les interrompt, son t-shirt est couvert de sang. Le couple veut comprendre ce qu’il s’est passé. Liam parle confusément d’un "jeune gars blessé" qu’il aurait pris dans ses bras. Les répliques vont fuser, les positions des personnages s'affirmer, évoluer et se contredire tout au long de la pièce dans un rythme effréné. Helen est de deux ans l'aînée de Liam. Ils sont orphelins depuis la petite enfance. Ils se sentent abandonnés aussi par le gouvernement. Leur relation est fusionnelle mais Helen est une mère, elle est mariée. Liam se réfugie dans l'identitarisme, le racisme. Le manque, né dans la sphère familiale, puis nourri par le parcours chaotique d'une prise en charge par des centres ou des familles d'accueil, s'étend alors à la sphère politique.
La musique jouée en live sous-tend l’action, elle est le rythme intérieur des personnages, et l’urgence dans laquelle ils se trouvent. Elle met en pulsations la tension entre deux mondes, permet une correspondance entre le visible et l’invisible, la parole et l’ineffable, le conscient et l’inconscient, l’adulte et l’enfant.
Nous avons toujours été frappés par la puissance du texte d’Orphelins, par sa musicalité, son
implacable suspens, son humour si particulier.
Il nous met dans un état d'alerte permanent.
Face à notre humanité, notre monstruosité.
Il malmène notre moralité intimement.
Il met à rude épreuve notre civisme, le cœur de nos convictions.
Il révèle la nature mouvante de nos certitudes selon qu'on l'écoute dans la position du conjoint, du
parent, de l'enfant, de la sœur, du frère, du beau-frère, du voisin, du citoyen, etc...
Il nous fait réfléchir aux conséquences de nos actes.
Il met en balance d'un côté notre héritage et nos conditionnements familiaux, sociaux, politiques ou
culturels avec ce qu'ils comportent de viscéral, d'inconscient, d'imagination, de fantasmes, de préjugés
collectifs ou individuels et de l'autre la réalité.
Quand les préjugés et les peurs prennent le pas sur les faits, ils dominent les corps et les esprits qui
disparaissent alors derrière des représentations fantasmées.
Il y a ma vérité, ta vérité et la vérité.
Comment réagirions-nous si le clan familial était mis en péril?
Quelle part de nous choisissons-nous de révéler?
Jusqu’où peut nous projeter la peur de l’autre?
CREATION COLLECTIVE
avec Chloé André, Thomas Billaudelle, Yann Lesvenan et David Scattolin - Regard extérieur: Marie Filippi -Création lumière: Guillaume Chappelier et Vincent Loubière - Création musicale: Yann Lesvenan.
Production: Atheneum Dijon. - Direction Régionale des Affaires Culturelles Bourgogne Franche-Comté - Conseil départemental 71 - Soutiens: Salle Jean Genet - Ville de Talant - La Fabrique - Théâtre de Morteau - Ville de Longvic - Ville de Dracy-lès-Couches.
Ce spectacle a bénéficié de l'aide à la diffusion du réseau Affluences.